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vue en contre-plongé d'une ville en Haïti

Haïti : Détérioration sécuritaire dans l'attente de la mission onusienne

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CONTEXTE HISTORIQUE ET POLITIQUE

Depuis le tremblement de terre catastrophique de 2010, Haïti n'a eu de cesse de lutter contre des défis économiques et politiques majeurs. La reconstruction du pays n'a pas atténué les inégalités socio-économiques profondes et a contribué à une hausse de la violence politique. L'absence d'élections depuis 2016, combinée à l'assassinat du président Jovenel Moïse en juillet 2021, a plongé le pays dans une crise politique prolongée. Au cœur de ce climat d'instabilité, deux gangs principaux, le G9 et le Gpèp, ont formé une alliance contre le gouvernement de transition en exil d'Ariel Henry. Ils exercent désormais un contrôle significatif sur la capitale Port-au-Prince : aujourd’hui plus de 60% de celle-ci serait aux mains des gangs.

 

INTERVENTION ET RÔLE DES NATIONS UNIES

Face à cette crise, le Conseil de sécurité de l'ONU a approuvé, le 2 octobre 2023, le déploiement d'une force internationale. Le Kenya s'est engagé à fournir 1 000 policiers, avec le soutien promis de plusieurs autres pays, bien que ces engagements n'aient pas encore été quantifiés. Initialement prévue pour fin 2023, cette mission n'a toujours pas débuté en juin 2024, retardant ainsi toute intervention potentielle.

Cependant, la mission onusienne fait débat. Certains soulignent l'importance de résoudre cette crise de manière interne, affirmant que les missions précédentes, telles que la Mission des Nations Unies pour la Stabilisation en Haïti (MINUSTAH) et la Mission des Nations Unies pour l'Appui à la Justice, ont été inefficaces. D'autres, en revanche, voient cette intervention internationale comme une solution indispensable pour endiguer la violence des gangs et rouvrir la possibilité d’une transition démocratique. 

 

SITUATION ACTUELLE

Depuis le 29 février 2024, une nouvelle vague d’extrême violence, initiée par l’alliance criminelle n’a fait qu’empirer la situation sécuritaire et humanitaire en Haïti.

Carte des zones à risque à Port-au-Prince, Haïti

Carte des zones à risque dans la capitale par International SOS

Cette insécurité permanente a conduit à la fermeture de nombreuses entreprises, agences gouvernementales et établissements scolaires. Les barrages routiers imposés par les groupes armés ont aussi provoqué des pénuries sévères de produits de base et une hausse marquée des prix à travers le pays. Bien que le trafic aérien ait partiellement repris début juin, les vols restent extrêmement limités, et la situation à Port-au-Prince demeure particulièrement volatile, rendant les déplacements très dangereux.

Ce climat d’insécurité constante a aussi provoqué l’émergence de groupes d'autodéfense civils qui érigent leurs propres barrages pour protéger les communautés locales contre de potentielles incursions des gangs. Cependant, ces efforts restent insuffisants face à la puissance des groupes armés, tandis que les forces de sécurité gouvernementales peinent à réunir les ressources adéquates.

 

PRESSIONS SUR LE GOUVERNEMENT DE TRANSITION

En ciblant particulièrement les infrastructures d'État telles que les commissariats, les écoles et les établissements de santé, les gangs cherchent à empêcher le bon fonctionnement du Conseil Présidentiel de Transition. Perçut comme illégitime par les groupes armés, le gouvernement en exil d’Ariel Henry a été soumis à une pression constante des gangs qui érigent des barrages routiers et perturbent les transports aériens et maritimes pour empêcher son retour dans le pays. Début mars, l’attaque des deux prisons principales du pays par les groupes armés a permis l’évasion de 4000 membres de gangs, et a poussé le gouvernement de transition à déclarer l’état d’urgence. Cette situation a précipité la démission d’Ariel Henry le 11 mars 2024, qui viens d’être remplacé par le cabinet de Garry Conille.  

En dépit des efforts internationaux et des initiatives locales, la situation en Haïti reste critique. La mission de l'ONU, dirigée par une force policière kenyane, n'a pas encore été déployée, laissant le pays en proie à une violence croissante et à une crise humanitaire sévère. Une action concertée et rapide est nécessaire pour restaurer la stabilité et la sécurité en Haïti.

 

NOS RECOMMANDATIONS

Vue d'Haïti sur la Carte des risques d'International SOS

Vue d’Haïti sur la Carte des risques d’International SOS

En novembre 2023, International SOS a classé Haïti comme une zone à "risque sécuritaire élevé" (4/5) et Port-au-Prince à "risque sécuritaire extrême" (5/5), recommandant de reporter tout déplacement et d'évacuer le personnel sur place. Ces recommandations s’appliquent toujours, il est donc conseillé de : 

 

  • Quitter Haïti dès qu’il est possible en toute sécurité
  • Planifier soigneusement tout voyage terrestre ou aérien vers ou depuis Port-au-Prince, avec une évaluation approfondie des risques
  • Constituer des réserves essentielles et s'inscrire auprès des ambassades pour recevoir des mises à jour sur la situation et préparer un départ d'urgence
  • Suivre les alertes d'International SOS pour des mises à jour régulières

 

NOS CAPACITÉS SUR LE TERRAIN

Au vu de la situation sur place et dans les aéroports, International SOS est en mesure d’organiser des évacuations par avion charter depuis Haïti, ainsi que des déplacements internes. Nos opérations sont gérées depuis nos centres régionaux à Philadelphie et Mexico, avec un soutien logistique et médical de notre plateforme d’assistance globale International SOS. Nous avons notamment organisé l’évacuation par hélicoptère de 16 personnes depuis Port-au-Prince vers Saint Domingue (République Dominicaine). L’évacuation a été minutieusement préparée en amont, qu’il s’agisse de la sécurisation du lieu de regroupement, de la mise en place d’un convoi sécurisé jusqu’à l’héliport, ou de la sécurisation de l’héliport. Avec l’aide de nos partenaires sur le terrain, nous avons ensuite assuré le soutien logistique et médical de nos clients une fois sur place.

Nous avons des partenaires de sécurité accrédités en Haïti capables de fournir des véhicules blindés et des chauffeurs formés. La sécurité des routes étant souvent compromise, nous recommandons aux entreprises d'organiser des transports sécurisés pour leurs employés. Notre réseau de partenaires sur place nous permet d’assurer des évacuations vers les aéroports par voie terrestre ou aérienne. En cas de détérioration de la situation, notre équipe surveille et évalue les développements récents pour actualiser nos recommandations et déclencher des évacuations si besoin.

Pour les évacuations aériennes, l'aéroport international de Port-au-Prince est le principal point de départ, avec des alternatives comme l'aéroport international de Cap-Haïtien et diverses frontières terrestres avec la République Dominicaine. Le plan d’évacuation final est entièrement façonné par la situation sur place, et découle d’une étroite coordination avec nos partenaires locaux pour assurer la sécurité et la rapidité des opérations.