SkipToContent
HeaderPhoneNumberLabel+1 215 942 8342
Espace membres
LanguageSelector
SelectLabel
Montage de femmes sur leur lieux de travail

Profils croisés : Les femmes dans la sûreté en France

Ribbon

« Aujourd'hui, en France, on peut faire le constat très positif et tangible de la féminisation des métiers de la sûreté.  En parallèle d'un développement croissant des filières académiques dédiées à la sécurité/sûreté internationale, ou plus largement à la sécurité/défense, on constate un intérêt accru des jeunes femmes pour ces parcours, et donc une arrivée sur le marché de l'emploi de profils féminins et formées, notamment sur des postes d'analystes, mais aussi opérationnels. 

Au sein du Groupe International SOS, nous comptons 200 expertes et experts sûreté qui occupent des fonctions de veille et d'analyse des risques sécuritaires, de conseil et d'assistance en temps de crise auprès de nos clients. 40% sont des femmes. Près de 30% des postes de management et de direction dans les équipes sûreté sont occupés par des femmes. 
L'enjeu est véritablement la confirmation de cette tendance dans le temps long. 
 
Nous sommes honorés de faire témoigner trois professionnelles de la sûreté avec des profils très riches. »

Beatrix Renaut Responsable Sûreté, International SOS. 

LES TÉMOIGNAGES


Anne Picot-Periac, Directrice Sûreté, Groupe ATOS

Bonjour, je suis Anne Picot-Periac Directrice Sûreté du Groupe Atos (ESN présente dans 71 pays).  J'ai en charge la protection des 110 000 collaborateurs où qu'ils soient. La protection des bâtiments, la gestion des incidents, des crises ainsi que la continuité d'activités du groupe.  

Quel constat faites-vous de la place des femmes dans le milieu professionnel de la sûreté ? Quelles évolutions constatez-vous ? 

La sûreté dans les organisations n'est plus incarnée par une seule personne œuvrant dans l'ombre. C'est une équipe composée de profils et d'expériences variées qui œuvrent pour collecter des informations, analyser les risques et mesurer les impacts potentiels sur leur organisation afin de proposer des contre-mesures pertinentes et innovantes.
C'est un véritable partenaire du business et du comité exécutif.

Le meilleur mixte étant :

  • Des personnes issues de l'organisation qui connaissent le métier et la structure
  • Des personnes issues du régalien, qui connaissent les institutions.

C'est cette complémentarité, ce regard croisé qui donne la force d'une direction sûreté. Qu'une femme corresponde au premier ou au deuxième profil, elle apportera un regard, une approche, une lecture différente des informations face à un événement. Je les vois de plus en plus arriver à la sûreté en tant qu’analyste ou en tant que gestionnaire de crise. Ce sont des métiers qui ont du sens. 

En tant que femme, quels sont les principaux défis que vous pouvez rencontrer dans l’exercice de vos fonctions ou que vous avez rencontrés dans votre parcours ? 

La sûreté n'a pas de prix mais elle a un coût. Convaincre est le principal défi pour défendre une stratégie, des budgets, une équipe, des moyens. Il faut lutter contre le syndrome de l’imposteur qui paralyse souvent les femmes. Il faut présenter coûte que coûte ses arguments avec conviction sans perdre son identité.  

Quels conseils donneriez-vous aux femmes ambitionnant une carrière dans la sûreté/évoluant dans le milieu de la sûreté ? 

OSEZ : vous ne cochez pas 100% des cases du descriptif de mission, osez. Un homme postulera même s'il ne coche que 60% des cases.
Vous êtes motivées, ce poste vous plait, allez-y !!!!

 

Susan Hayden-Gohet, Directrice adjointe Sûreté et Résilience, PwC France & Maghreb

PwC est un cabinet d’audit et de conseil dans un réseau international, présent dans 160 pays au monde avec environ 320 000 salariés.  Chez PwC France et Maghreb, nous avons plus de 8 000 salariés répartis sur 18 sites en France et dans les pays d’Afrique du Nord.
La Direction de la sécurité et sûreté chez PwC est séparée en deux pôles sûreté et sécurité physique et sécurité des systèmes d’information. Je suis responsable du pôle Sûreté et Résilience et nos missions sont la Sûreté des personnes, des lieux et des biens (y compris la protection de l’information physique) nous faisons l’analyse des risques sécuritaires, environnementaux et géopolitique.  Nous gérons aussi le programme de continuité d’activité et la gestion des crises. 

Quel constat faites-vous de la place des femmes dans le milieu professionnel de la sûreté ? Quelles évolutions constatez-vous ? 

La nature des activités gérées par une Direction de la sûreté va bien au-delà de la sûreté des lieux de travail.
Même si on trouve des femmes agents de sécurité, officiers dans l’armée et des commissaires de police ce n’est plus un métier de gros bras.  Les risques pour les entreprises changent et nous avons autant besoin de compétences de sûreté physique que de capacités d’analyse.
Nous sommes dans un point d'inflexion - il y a une révolution culturelle dans ce secteur et c’est un métier qui est en train de se féminiser de plus en plus. 

En tant que femme, quels sont les principaux défis que vous pouvez rencontrer dans l’exercice de vos fonctions ou que vous avez rencontrés dans votre parcours ?

La perception des autres et les stéréotypes (pas seulement les hommes mais des femmes aussi) – qu’une femme ne peut pas faire un « métier d’homme » que nous ne sommes pas faites physiquement ou mentalement pour faire face aux risques et aux actes de malveillance. 
Une petite anecdote, en expliquant mon métier, une personne m'avait demandé, avec un air douteux, si je devais aller chercher un voyageur d'affaires dans un pays à risque en cas d’incident grave. 
J’ai répondu que je n’étais pas une poule, « je ne ponds pas d'œufs mais je sais faire une meilleure omelette que n’importe quelle poule. » 
En cas d’incident grave chacun a son rôle et responsabilité, ce n’est pas mon rôle d’aller chercher un voyageur en difficulté.  C’est pour cela que nous avons des relations institutionnelles et des prestataires spécialisés dans différents domaines de la sûreté (comme International SOS par exemple).  Mon rôle est un rôle de conception stratégique, d’analyse et de coordination. 


Quels conseils donneriez-vous aux femmes ambitionnant une carrière dans la sûreté/évoluant dans le milieu de la sûreté ?

Deux choses : osez et soyez ambitieuses.

Osez !  Les besoins et le métier changent. – le monde de sûreté est tellement divers, tellement intéressant et extrêmement passionnant. Tellement divers que tous les profils ont une place à prendre.  Par exemple, nous avons besoin d’experts en communication (réseaux sociaux, etc..) des juristes (réglementation), de travel management, etc.  Souvent des métiers de prédilection des femmes.

Soyez ambitieuses (sortez de l’ombre) ! Ne mettez pas votre propre barrière, malheureusement les femmes le font encore trop souvent dans tous les métiers.  N’attendez pas qu’on vienne vous chercher ou qu’on constate que vous faites un bon travail et que vous méritez plus de responsabilités. Nous avons besoin d’une diversité dans tous les métiers, ce n’est pas différent pour la sûreté.  Les anglophones appellent cela un « open mindset ».  Cela apporte tellement d’avantages à une entreprise, à une équipe….

Qu’est-ce qui peut être fait pour continuer d’attirer les femmes vers ce secteur et soutenir l’accession de femmes à des postes de leadership ? (rôle modeling, mentor programs, role of corporate leaders)

Pour attirer les femmes vers ce secteur, il faut que les femmes osent elles-mêmes choisir cette voie.   Des diverses formations en sécurité et sûreté sont ouvertes à tous, mais encore trop peu de femme pensent à un métier en sûreté. 
Le leadership ne se gagne pas, cela se mérite.  Qu'est-ce qu'un leader, pour moi ?  C’est une personne qui inspire les autres, fait sortir le meilleur de vous-même et celui des autres. Comme dans tous les métiers…  Pour les femmes qui sont déjà en poste, cherchez les formations, restez au courant des changements dans la réglementation et l’impact que ces changements peuvent avoir sur l’environnement dans lequel opère votre entreprise (soyez proactive face aux changements et risques, soyez force de proposition). La sûreté est historiquement un métier de l’ombre – on parle de malveillance donc nous ne sommes pas toujours au-devant de la scène dans les entreprises.  Je pense qu’il est important de rendre visible que ce n’est pas un métier d’homme, que des femmes ont leur place et peuvent atteindre des postes de responsabilité.

Les entreprises commencent à réagir face aux inégalités.  Personnellement, je n’aime pas les notions de parité et de discrimination positive. Quelle personne, ou femme, souhaite avoir une promotion simplement pour faire partie d’un quota ou d'une statistique.  Nous voulons être jugées sur notre mérite. 
Au début, les initiatives comme « Women in… »  m’ont beaucoup ennuyée.  J’espère un jour que nous parlerons tout simplement de « people in…. » mais en attendant ces groupes sont des lieux, pour rencontrer et discuter avec ses pairs, pour trouver un soutien.  Nous avons tous besoin d’appartenir à un groupe, qui nous rassemble, et parler de nos expériences et parcours similaires.   Ces groupes donnent cette possibilité.
Au moment de l’International women's day – j’espère que ma fille n’aura pas besoin de célébrer cette journée – nous somme pas une minorité qui a besoin d’exister, nous représentons plus de la moitié de la population mondiale et nous apportons déjà une contribution forte dans le milieu de la sûreté.

 

Isabelle Claes, Responsable Sûreté et Gestion de Crise, Groupe EGIS

Bonjour, je suis Isabelle Claes, je travaille dans le domaine de la sûreté depuis 20 ans, et je suis actuellement Responsable Sûreté et Gestion de Crise pour le Groupe Egis. Mon périmètre couvre la veille, la protection des collaborateurs, la sûreté des voyageurs et expatriés, la sûreté des sites et la gestion de crise. 

Quel constat faites-vous de la place des femmes dans le milieu professionnel de la sûreté ? Quelles évolutions constatez-vous ?

De manière générale, les femmes sont encore sous-représentées dans ce milieu même si leur nombre a augmenté. Ce que je constate depuis 2 ans environ dans mon réseau, c'est qu'il y a de plus en plus de femmes qui se lancent et obtiennent une certification en sûreté, il en existe plusieurs sur le marché dont la certification CPP (Certified Protection Professional) proposée par l'ASIS ce qui vous octroie une reconnaissance professionnelle en gestion de la sûreté, parmi vos pairs  et qui vous permet de pouvoir accéder à des postes avec plus de responsabilités. J'ai moi-même été motivée par une ancienne collègue dont j'étais le mentor à obtenir cette certification.  

En tant que femme, quels sont les principaux défis que vous pouvez rencontrer dans l’exercice de vos fonctions ou que vous avez rencontrés dans votre parcours ? 

Certaines personnes ont malheureusement des a priori en voyant arriver une femme dans une équipe sûreté pour un rendez-vous. Vous avez plus à prouver en tant que femme dans ce milieu par rapport à vos homologues masculins pour être prise au sérieux et surtout pour pouvoir évoluer vers des postes à responsabilités. Personnellement, je tiens à souligner que j'ai travaillé jusqu'à ce jour avec des collègues et des clients bienveillants et sur mes 20 ans de carrière, j'ai connu, deux situations désagréables où je n'ai pas été respectée en amont d'une mission. J'ai démontré que j'étais la bonne personne pour effectuer ces missions. J'ai d'ailleurs été félicitée par les personnes qui avaient émis des doutes quant à mes capacités professionnelles et à ma crédibilité.

Quels conseils donneriez-vous aux femmes ambitionnant une carrière dans la sûreté/évoluant dans le milieu de la sûreté ? 

Je donnerais 3 conseils :

  • Tout d'abord, acquérir une expérience de terrain comme expatriée dans un pays ou une région à moyen ou haut risque si possible qui vous amènera de la crédibilité en interne ou par rapport à vous clients. Vous pourrez vous mettre dans la peau de votre interlocuteur qui a une question ou un problème sûreté et proposer des mesures de sûreté adéquates car vous aurez vous-même vécu des situations où votre sûreté personnelle a été mise à l'épreuve et expliquer comment vous vous en êtes sortie ou avez réagi. C'est d'ailleurs par cette porte-là, avec une expérience opérationnelle en ONG humanitaire de deux ans en Afrique que je suis entrée dans le milieu de la sûreté.
  • Ensuite, pour évoluer dans votre poste, oser aller parler à votre manager ou directeur (prendre l'initiative) si vous si vous avez une projet qui vous tient à cœur ; j'avais vraiment envie de devenir consultante sûreté. En mettant en avant mon expérience de terrain et les situations vécues (évacuation, travel security, etc.) je suis allée voir mon directeur et lui ai proposé de développer cette niche et il m'a fait confiance pour développer la société…
  • Enfin, assister à des événements sûreté en ligne sur Linkedin, beaucoup sont gratuits. Rejoindre une ou plusieurs associations sûreté telle que l'ASIS où vous allez pouvoir rencontrer d'autres professionnels de la sûreté de tout horizon, poser des questions sur leur parcours, échanger et  tisser un réseau et pourquoi pas trouver un mentor pour vous accompagner dans votre projet professionnel.