Qualité de l’air et salariés en mobilité internationale, quels enjeux ?
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Le déploiement d’un collaborateur à l’international est un moment qui suscite un réel enthousiasme mais qui soulève également des inquiétudes, comme celle de la pollution atmosphérique et de la qualité dégradée de l’environnement du pays de destination.
Vous vous interrogez et votre collaborateur s’inquiète pour lui-même et la santé de ses proches.
Plus que jamais la santé de vos collaborateurs est intimement liée à la qualité de leur environnement de travail. Le devoir de protection inclut également des considérations socio-environnementales (ESG).

Selon l'Institut de Politique Énergétique de l'Université de Chicago1(IPEC), la pollution de l'air est la première menace mondiale pour la santé de l'Homme, supérieure aux risques du tabagisme ou la consommation d'alcool.
La pollution de l’air est à l’origine de près de 7 millions de morts prématurées annuelles selon l’OMS2, du fait de l’aggravation de pathologies cardio-vasculaires (cardiopathies ischémiques, accidents vasculaires cérébraux) et respiratoires (bronchites chroniques, asthme, infections et cancers pulmonaires). Les populations socialement les plus vulnérables situées dans les régions du monde à faible revenu représentent près de 89% de ces morts prématurées.
Il y a quelques jours et d’une manière plus globale, la revue The Lancet3 a tiré la sonnette d’alarme en insistant sur l’impact très négatif des changements climatiques sur la santé des populations mondiales et en appelant les gouvernements à prendre des mesures urgentes.
L’Agence Européenne pour l’Environnement (AEE)4, qui vient de publier son étude annuelle, annonce que 253.000 décès auraient pu être évités dans l’Union européenne si les concentrations de particules fines avaient respecté les recommandations de l’OMS et a pris très au sérieux cette alerte du Lancet.
Les particules fines sont de diamètre inférieur à 2.5 microns, le dixième du diamètre d’un cheveu fin et sont des résidus de combustion liés aux activités humaines, particulièrement le transport routier et le secteur résidentiel avec les chauffages individuels.

(Échelle de mesures)
Les particules fines
99% de la population mondiale est exposée à des taux supérieurs aux seuils minimaux définis par l’OMS5, et ces particules fines ont un effet délétère sur notre santé, à la fois sur le court terme du fait de l’irritation des voies aériennes supérieures et inférieures et sur un plus long terme avec des effets nombreux, bien au-delà du système respiratoire. Leur très faible diamètre leur permet de franchir la barrière alvéolo-capillaire, disséminer dans l’organisme et produire des effets extra-respiratoires ce qui en fait toute la gravité.
Ainsi, l’aggravation de maladies cardio-vasculaires du fait de particules fines est démontrée de longue date. Récemment une équipe d’oncologues de Madrid a identifié une relation linéaire entre la prévalence du cancer du sein 6; et l’exposition à un air pollué. Les particules fines interviendraient comme possible cofacteur chez des personnes prédisposées génétiquement.
La résistance de certaines bactéries aux antibiotiques7; serait aggravée par la pollution de l’air, les mécanismes n’étant pas encore complètement élucidés et consisteraient en de possibles interactions entre ces bactéries et les particules fines PM2.5.

Représentation schématique des alvéoles (A) et de la barrière alvéolo-capillaire
Limiter son exposition à l’air pollué est la grande règle et le meilleur moyen de diminuer les risques sur sa santé. Cela passe par un certain nombre de bonnes pratiques, graduées à la sévérité de la situation.

Le premier grand réflexe est de se tenir informé sur les indices de qualité de l'air, avant de sortir et avant toute activité physique en plein air. Notre site air pollution vous communique des informations mises à jour par pays.
Nous préconisons dans tous les cas de suivre les recommandations des autorités de santé publique locales, qui établissent des mesures de protection précises en fonction des circonstances et des variations annuelles (pics de pollution) car il peut en effet exister des oscillations saisonnières (périodes sèches ou humides), et pics de pollutions hivernaux dans certains pays.



Nous rappelons que les masques chirurgicaux filtrent l’air sortant. Ce sont des masques anti-projections qui n’ont pas la capacité de stopper les particules fines.
Les masques de type N95 et FFP2 (en forme de bec de canard) sont recommandés car ils ont démontré leur efficacité à filtrer les particules jusqu’à un diamètre de 0.6 micromètre. Ils peuvent s’avérer contraignants à porter, doivent être bien ajustés pour être hermétiques et efficaces. Leur taux de fuite est de 8% lorsqu’ils sont bien portés. Ils doivent être renouvelés toutes les 8 heures.
À noter que ces masques filtrent les particules mais n’ont pas pour rôle d’empêcher l’inhalation de gaz et vapeurs toxiques (par exemple le monoxyde de carbone).
La décision de mobiliser un collaborateur est un temps important, potentiellement lourd de conséquences et le résultat d’un long processus. Il est important d’avoir à l’esprit les étapes intermédiaires qui le composent et d’être conscient de ces facteurs qui influencent nos décisions.
La notion de facteur de risque est clé, et recouvre différentes notions : celle de danger qui est lié à la réalité de la pollution de l’air dans un pays, celle d’exposition à ce danger pour l’expatrié et sa famille, c’est-à-dire de risque réel.
Lorsque les mesures de protection précédemment citées sont mises en place, existe un risque appelé résiduel.
Le risque tel qui est perçu, ou risque ressenti est éminemment subjectif et personnel dans son évaluation.
Quand la décision de mobiliser un collaborateur est prise, c’est la notion de risque toléré ou accepté, qui lui aussi possède des dimensions subjectives et personnelles, aux composantes psycho-sociales et culturelles bien établies. Interviennent ensuite des notions de durée d’exposition à ce risque résiduel.
Si le danger et le risque réel, pour une situation donnée, sont fixes et évaluables précisément, les risques perçus et tolérés varient beaucoup d’un collaborateur à l’autre et d’une entreprise à l’autre.
Un dernier point, la notion de facteurs de risques et antécédent médicaux individuels, liés à l’état de santé du collaborateur, qui sont un dernier élément clé à prendre en compte dans le processus décisionnel et la mise en perspective des risques.
La population finalement exposée au même risque est qualifiée de population à risque. En fonction de l’évaluation Adhoc qui a été faite, il existe une segmentation depuis un niveau faible à un niveau élevé.

Suivant cette phase d’évaluation, la communication des risques au collaborateur est un autre moment essentiel. Elle fait partie du devoir de protection.
Plus le collaborateur a une compréhension juste et qui reflète la réalité de la situation, plus il est en mesure de décider en connaissance de cause.
Cela permet de réduire l’anxiété associée à cette expatriation, en permettant la maîtrise de son destin ainsi que de son environnement intérieur, à défaut de maîtriser l’environnement extérieur (activités en plein air, scolarisation des enfants, etc…).
Nous avons des solutions, pour vous accompagner et vous conseiller au mieux dans ces choix clés à la fois pour votre entreprise, vos collaborateurs et leurs personnes à charge.
La mobilisation de collaborateurs dans des pays où l’air est pollué est une problématique complexe et multidimensionnelle, qui nécessite une évaluation précise au cas par cas, en juste connaissance de ces risques.
Nous pouvons vous conseiller sur différents points.
Incluant le choix de la période la plus appropriée, de la durée de la mission ou de l’expatriation.
Cela vous permettra d’avoir des collaborateurs plus sereins face à ces questions.